Blockchain : ultimatum pour le management classique ?

Depuis des dizaines d’années, on constate plusieurs et diverses initiatives qui visent à destituer ou réinventer les systèmes de management et d’organisation classiques. Malgré leur grand nombre, ces initiatives aussi bien académique (pensée systémique « system thinking », Organisme / système vivant,…) que professionnelle (Self-management, Management Hacking,…), ne parviennent pas à « anéantir » certaines pratiques tayloriennes ou fordistes.

Bien que éloignées du contexte actuel (dépassement de la loi de Moore, générations Y/Z, …), ces pratiques managériales classiques sont toujours présentes. C’est dans ce contexte mouvementé qu’émerge une nouvelle technologie baptisée Blockchain qui s’invite davantage dans celles industrielles et managériales. Vous n’avez pas beaucoup de temps à explorer ces sujets interconnectés (informatique, finance, management,…) ? Nous vous proposons une brève exploration de ce sujet d’actualité.
Alors, en quoi l’avènement de cette nouvelle technologie baptisée blockchain pourrait métamorphoser les pratiques traditionnelles de gouvernance & de management ?

Partageons ensemble un minimum du lexique relevant de la blockchain

Commençons par un bref flashback qui reprend le contexte & le cadre d’émergence de la blockchain. En fait, la crise des subprimes en 2008 a stimulé la méfiance voire le rejet du système bancaire ainsi que des institutions de gouvernance centralisées (y compris les « états »).

C’est ainsi qu’émergeait la proposition d’une monnaie « numérique » qui substitue les monnaies classiques tout en étant indépendante du système financier classique y compris les organismes d’autorité.

Vous l’avez probablement bien deviné, Il s’agit bien de la monnaie électronique et décentralisée baptisée Bitcoin.

En fait, le Bitcoin est régie, en mode peer-to-peer P2P, par une communauté d’utilisateurs sans un organe intermédiaire.

Ainsi, c’est la blockchain qui constitue l’architecture sous-jacente à la sécurisation des transactions via cette monnaie numérique. En effet, un registre sécurisé assurant l’anonymat (cryptage des données) enregistre l’ensemble des transactions & échanges effectués par cette monnaie numérique (ou une autre). Ce sont des utilisateurs ou des noeuds de réseau qualifiés de « mineurs » qui reçoivent systématiquement une copie à jour du registre des transactions et qui valident ces transactions.

Au niveau de chaque registre, les transactions sont rassemblées par bloc dont la technique ainsi que la durée de processus de validation par les « mineurs » dépendent de la nature de la blockchain. En fait, dans le cas de la monnaie « bitcoin », la technique de validation est la « Proof-of-Work » (preuve de travail) pour une durée de presque 10 minutes.

Prenons l’exemple d’un registre composé de divers blocs de transactions (Bitcoin). Dès lors, une dizaine de minutes écoulées, le bloc est clôturé et ensuite daté et rajouté à la suite des blocs précédents (déjà validés).

En ce sens, dizaine de minutes suivie d’une autre, et de nouveaux blocs se greffent à leurs tours formant ainsi une chaine de blocs. Vous l’avez probablement conclu, il s’agit bien de la fameuse Blockchain.

Et si la blockchain pourrait changer le management ?!

La blockchain dépasse son initial contexte financier pour couvrir d’autres univers qui nécessitent classiquement un tiers de confiance (immobilier,…). Toutefois, on peut poser plusieurs questions sur les domaines d’application intra-organisationnels, notamment au niveau des systèmes de gouvernance & de management. Ces systèmes sont encore dominés par les approches hiérarchiques et les modèles de type « command and control ».


En effet, la blockchain insiste davantage sur l’auto-organisation via sa logique DAO « Decentralized Autonomous Organization » (Organisations Autonomes Décentralisées). Cette logique DAO pourrait impacter significativement les modes d’organisations ainsi que les styles de management connexes. Cet impact se base essentiellement sur le système d’interactions automatisées et décentralisées de la logique DAO.
En effet cette logique DAO sur un triptyque dynamique :

Absence d’intermédiaire :

Le contrôle de l’entité ne peut pas être réalisé par un seul acteur (physique ou moral).
Au niveau management et théories des organisations, ceci peut bouleverser significativement les types classiques de prise de décision, y compris, le style participatif. Ainsi, au-delà du consensus classique et du compromis, la blockchain mobilise plutôt le consensus distribué.
En outre, la désintermédiation peut changer au moins deux perspectives:

  • les rôles majeurs joués auparavant par les coûts de transaction au niveau de l’analyse institutionnelle (théorie de coûts de transactions)
  • la performance (stimulation de l’efficience avec des coûts d’intermédiation nuls).

Une transparence accrue :

Afin de stimuler le niveau de traçabilité, la logique DAO devrait conserver des preuves numériques cartographiant l’ensemble des échanges informationnels. En outre, l’absence d’asymétrie d’informations permet d’accroitre les chances de réussite d’accès à une même information actualisée et instantanée. Ceci devrait perfectionner aussi bien le fonctionnement et le pilotage des systèmes d’information que les activités d’audit.

Sécurité & ouverture :

Le consensus distribué permet de renforcer la sécurisation des échanges via les algorithmes de validation en mobilisant les nœuds de réseau. En plus, le cryptage des données permet de préserver l’anonymat des différents acteurs impliqués dans les transactions.
Ainsi, ceci peut affecter les modalités de sécurisation & de gouvernance des systèmes d’information au sein des organisations. Ce sont ces organisations qui devraient repenser leurs « frontières » avec les différents environnements, notamment macro. En plus, elles devraient s’orienter vers les systèmes ouverts, l’interopérabilité ou la scalabilité de ses transactions & business models.

Ainsi, au regard de l’ensemble de ces nouveaux éléments, les systèmes de management classiques qui sont marqués par un niveau de centralisation et d’intermédiation important, semblent être inadéquats voire obsolètes.

Tirer profit de la technologie blockchain : Est-ce pour aujourd’hui ?

La technologie blockchain semble avoir un potentiel de changement aussi bien au niveau de la sphère financière que celle organisationnelle & managériale.
Le nouveau système de gouvernance & de management pourraient bénéficier des avantages d’une technologie :

diminuant considérablement les coûts (absence d’intermédiaire),

promouvant la transparence (registre transparent)

et privilégiant la sécurité (consensus distribué).

Toutefois, afin de bénéficier de ces avantages, on a besoin d’une adaptation des modes de management à l’ensemble des contraintes et problématiques soulevées par l’émergence de la blockchain (juridiques, dépendance aux algorithmes,…).

Pensez-vous que les pratiques de management classiques seront-elles en mesure de survivre, face à l’émergence de la technologie blockchain ?